︎ Ghostmarkets [ongoing]
︎ [English below]

Research/Art platform_performative installations+radio podcasts+talks : collaborative project led in Poissy and Fleury-Mérogis prisons
With : Marina Ledrein, Jean-Pierre Aubry, Mouhad.S., JDH, Younès, Kapo, J-Marie Koeta, Habib, Silva, Ben, Christophe, Brali, Sparafucile, Youssef Rhnima, Philippe T., Ilich, John Dow, Olivier Royer-Perez, Melchior Simioni, David Rabouin, Sonia Manseri, Nadeera Rajapakse, Alice Mulliez, Van-Kim Tran, Laurence Mongin, Christophe Ramage, Michel Galindo, Yang Yang
Ghostmarkets s’inscrit dans une collaboration sur le long terme avec un groupe d’hommes détenus au sein de la maison centrale de Poissy, constitué en 2015 dans le cadre de la Section des Etudiants Empêchés, programme d’enseignement porté par l’université de Paris. Au fil des années, le groupe prend son autonomie et, sous la direction de Julie Ramage, prend l’identité d’un collectif de recherche-création collaborative. Chaque année, ils·elle invitent des artistes, chorégraphes, spécialistes des sciences humaines à collaborer avec eux·elle sur une thématique spécifique. En 2019, le groupe prend pour point de départ l’interdiction des échanges dans l’espace carcéral. Alors résidente à la Cité internationale des arts pour le développement de ce projet, Julie Ramage propose un partenariat avec le laboratoire PHARE, qui étudie, au sein de l’université Panthéon-Sorbonne, l’histoire de la pensée économique. Economistes, anthropologues et chorégraphes sont alors invité.e.s à collaborer avec le groupe à l’intérieur des murs.
Rapidement, les recherches évoluent vers la manière dont les échanges influencent les relations entre les corps : confiance ou défiance, provocation ou complicité marquent les chorégraphies carcérales. La performance de la masculinité dessine la hiérarchie économique de la détention, influençant les parcours de peine : elle se construit sur le rapport au toucher, à son propre corps et au corps des autres, à son identité de genre. Alors que le groupe collabore pour inventer de nouveaux protocoles d’échanges, plus inclusifs, le premier confinement survient, en mars 2020. Les formes de collaboration s’adaptent : correspondance écrite, téléphonique, puis reprise des ateliers. La recherche, destinée à être présentée sous la forme d’un film, prend une autre forme.
Naît l’idée de créer un “film fantôme” à partir des documents de préparation du tournage avorté : une archive vivante déployant le dialogue à l’extérieur des murs, pour le replacer dans le contexte de la crise économique et sanitaire que nous traversons. Ghostmarkets permet ainsi l’élaboration d’un témoignage collectif, polyphonique et multisubjectif questionnant l’impact de la distanciation sociale sur nos rituels d’échange, l’importance du toucher dans l’économie des rapports sociaux ainsi que les liens entre économie, questions de genre et désastre sanitaire. Les archives sonores, textuelles et visuelles du projet sont reconfigurées à chaque présentation
publique.
Une première version du projet a été présentée à Bétonsalon - centre d’art et de recherche en septembre 2020, sous la forme d’une installation performative incluant deux jours de discussions publiques et de lectures radiophoniques, en partenariat avec la Cité internationale des arts et la plateforme de recherche-action européenne Transmaking. Un film installé ainsi qu’une édition sont en cours de production avec Le Fresnoy - studio national des arts contemporains.








︎ [English version] ︎
Ghostmarkets was born out of a research-creation project that began in prison in September 2019. Taking as a starting point the ban on currency in the prison space, economists, anthropologists, archaeologists and choreographers were then invited to collaborate with a working group set up inside the prison walls. The research quickly evolved towards the way in which exchanges influence the relationships between bodies: trust or distrust, provocation or complicity mark the prison choreographies. The participants propose the creation of a "currency of esteem" made of sugar and concrete, whose face value is indexed to the greeting rituals of detention; it guarantees, when entrusted to a peer, loyalty and assistance in all situations.
Following the interruption of the project in March 2020, the idea was born to create a "ghost film" from the preparatory documents of the aborted shooting: a living archive deploying the dialogue outside the walls, to place it in the context of the economic and health crisis we are going through. Ghostmarkets is an impossible movie : a polyphonic, collective account of our ways exchanging, touching each other, helping each other, being together, questioning the current sanitary disaster from both economical and gender perspectives.
One version has been presented in Septembre 2020 in Bétonsalon - Center for art and research, under the form of a performative installation allowing the archive reinterpretation through radio talks, in partnership with Transmaking and Radio Commons.





